Après son premier récit sur l’installation d’un écuroduc à Fleurine, dans l’Oise, son second sur la présentation d’une portée de sextuplés, le témoignage de Brigitte Desplechin-Lejeune, adhérente de S.O.S. Écureuils Roux continue. Cette fois-ci elle nous présente le début de vie d’une toute petite boule de poils…
Une nouvelle aventure fabuleuse commence. Nous venions d’accueillir le matin les sextuplés et le soir, à 21h, téléphone : Laurent me demande si je peux accueillir, avec les sextuplés, pour un « relâchage » commun, un bébé écureuil sauvé des griffes d’un chat par un habitant de PONT STE MAXENCE. Le lendemain matin, Jérémy et son papa me ramènent le bébé écureuil et là, surprise : le bébé est tout petit et ne fait que 90g et ne peux se nourrir seul. Donc, pas question de le relâcher avec les autres. J’appelle Béatrice VAVASSEUR pour lui expliquer et lui demander ce que l’on fait. Béatrice me propose de garder le bébé qui est sevré au chaud, à la maison, le temps d’être relâché un peu plus tard et de m’en occuper avec son aide et ses conseils avisés. C’est ainsi que nous devenons la famille d’accueil de Schtroumpfette durant 2 mois car elle n’a pas grandi très vite.
Schtroumpfette investit très rapidement notre bureau, sa grande cage fournie par Jérémy étant trop petite à son goût. Je lui confectionne, le jour même, un arbre de 2m50 de haut qui atteint le plafond du bureau à l’aide de branches de noisetier et de peuplier qu’elle s’accapare de suite pour monter, descendre la tête en bas, sauter vers le haut de la bibliothèque. Elle se déplace partout dans le bureau et sur les meubles en faisant des petits cris de joie.
Au bout de 3-4 jours, elle ne veut plus bouger, plus jouer, elle semble avoir froid malgré ses couvertures polaires. Panique : que faut-il faire ? Béatrice me rassure : « elle a un coup de spleen. Prenez la dans vos mains pour la réchauffer et la réconforter. Restez avec elle pour qu’elle ne s’ennuie pas ». Miracle : ça marche ! Ouf, elle repart de plus belle. Je n’ai pas le temps de décortiquer ses noix et noisettes qu’elle vient déjà les chercher pour les manger. Heureusement qu’elle aime beaucoup les graines de tournesol qu’elle décortique elle-même. Schtroumpfette parcourt ainsi le bureau pendant 2 mois cumulant les bêtises, grignotant toutes les orchidées, piquant les boîtes de dragées (heureusement sans amandes) pour les manger, déchiquetant le journal de mon mari, faisant mille cabrioles sur son arbre et sur nous par la même occasion et le soir retourne sagement dans sa cage et le nichoir fabriqué par mon mari pour une bonne nuit de sommeil. Malgré son appétit et sa vivacité, Schtroumpfette ne grandit pas beaucoup.
Au bout de 6 semaines, elle commence à manger des noix cassées et non plus décortiquées. Puis vient un soir où elle se cache derrière des classeurs de la bibliothèque et j’ai du mal à lui faire rejoindre sa cage pour la nuit. Ce petit manège dure une semaine et c’est de plus en plus difficile à la faire sortir des classeurs ; elle se rebiffe. Je décide alors de retirer les classeurs et là, je découvre qu’en fait, elle a confectionné une mini boule en faisant un trou dans un protège-livre centenaire en cuir et tissus et dans le livre lui-même, formant ainsi une sorte de petit nid cavité. Au delà de la fâcheuse bêtise, je réfléchis que peut-être, cela signifie que Schtroumpfette est prête à vivre sa vie sauvage. J’appelle Béatrice. Elle vient me voir 2 jours après. Son verdict est net : malgré son petit gabarit, Schtroumpfette est prête. Elle a du caractère. Elle est indépendante, l’ayant habitué à sa future vie sauvage, ne la caressant pas, ne la prenant jamais dans les bras (et ce n’est pourtant pas l’envie qui me manquait) et respectant sa nature d’animal sauvage et non pas de compagnie.
Nous sommes en décembre. Il ne fait pas froid mais comment va-t-elle faire pour survivre, faire son nid ? Elle est seule, sans fratrie pour s’entraider. Grand dilemme avec les responsables de S.O.S. ECUREUIL ROUX & ESPECES SAUVAGES. C’est sûr, elle ne tiendra pas jusqu’au printemps dans le bureau : elle fait de plus en plus de bêtises et commence à tourner en rond. On décide de la relâcher mais en lui donnant toutes les chances pour faire son nid et pour survivre en plus du nourrissage permanent. Le 22 décembre, Schtroumpfette intègre avec sa cage et son nichoir la volière que nous avons protégée au maximum du vent, de la pluie et du froid en bâchant le toit et en isolant les côtés sur la moitié. Je lui met son arbre du bureau. Mon mari a fabriqué un nichoir plus adapté à l’hiver, mieux protégé du vent et de la pluie qu’elle a étrenné avant d’aller en volière. Je prépare un seau de mousse, de cotons de fleurs de glycine sauvage et de lianes. Laurent installe le nichoir dans le sapin désigné par Beatrice comme le plus adapté et l’entoure de la mousse et de la glycine. Nous mettons le reste du seau au bas de l’arbre. Tout est prêt pour le « relâchage ».
Le 26 décembre, c’est avec beaucoup d’émotion que je lui ouvre la porte . Très vite elle sort, visite les lieux et part sur le devant vers l’Écuroduc, prête à sauter sur le bouleau mais le saut dans le vide lui fait peur. Elle retourne vers le fond du jardin et les grands arbres. Durant toute la journée elle découvre les sapins et leurs pommes de pin qu’elle adore, le pommier de notre voisin et ses pommes qu’elle grignote et s’amuse à faire tomber. Vers 16h, elle localise et inspecte son nichoir et à 17h15 y entre pour la nuit. Le lendemain nous la voyons encore le matin puis plus rien, ni le lendemain matin. L’angoisse me prend : un prédateur (chat-pie- corbeau) l’a t’elle attrapée ? Mais non : elle surgit en début d’après-midi, sortie de nulle part, dans les grands arbres pour courser un sextuplé 2 fois plus gros qu’elle. A partir de ce moment, je sais que plus rien ne peux lui arriver. Encore un « relâchage » réussi ! Je remercie Béatrice VAVASSEUR , qui, par ses conseils avisés journaliers, m’a permis de vivre cette expérience magnifique et a permis à Schtroumpfette de retrouver force et vitalité pour affronter sans problème la vie sauvage.
Depuis, nous avons la chance de pouvoir observer les sextuplés, Schtroumpfette et même un ancien de « La Montagne » prendre l’Écuroduc régulièrement tous les jours pour venir chercher les noix, que je casse encore, dans le seau de l’Écuroduc ou les mangeoires du jardin et faire un tour dans les sapins denotre voisin.
Quelle belle expérience pour cette première année de retraite !