Après son premier récit sur l’installation d’un écuroduc à Fleurine, dans l’Oise, le témoignage de Brigitte Desplechin-Lejeune, adhérente de S.O.S. Écureuils Roux continu. Cette fois-ci elle nous conte le relâchage des sextuplés auquel elle a participé…
Voir la vidéo du relâchage des sextuplés
Fleurines 2018, une année riche en moments forts pour la protection des écureuils
Le relâchage des sextuplés
Depuis fin juin (2018) je n’observais plus de passage d’écureuils. Bien sûr, les écrasements avaient été une hécatombe mais il en restait encore 2-3. Que leur était-il arrivé ? Etaient-il morts avec la sécheresse, les prédateurs ou les travaux forestiers dans « La Montagne » ? Avaient-ils quittés les lieux ?
J’étais d’autant plus inquiète que, je le sais, l’écureuil roux est une espèce protégée depuis le décret du 23/04/2007 mais surtout une espèce en voie d’extinction d’ici quelques décennies. Or il est très utile en contribuant au reboisement naturel par le fait d’enterrer les fruits qu’il trouve.
Puis fin octobre, l’Association S.O.S. ECUREUIL ROUX & ESPECES SAUVAGES m’appelle en urgence pour savoir si nous accepterions de faire un « relâchage », sur notre site, de 6 bébés écureuils, sauvés par Béatrice VAVASSEUR qui dirige le centre de soin LE REFUGE DE L’ECUREUIL ROUX. Le oui fut immédiat. Le soir même, Laurent SULFOUR, membre du bureau et grimpeur de l’Association, son fils mon mari et moi-même installons la volière de Béatrice à la lueur des torches vers 21h dans le fonds du jardin pour recevoir, le lendemain matin à 8h, les sextuplés âgés de 9 semaines que Laurent avait ramenés dans la nuit de chez Béatrice. Les écureuils prêts à reprendre le chemin de la vie sauvage ne peuvent pas attendre !
Ces 6 bébés (5 mâles et 1 femelle) avaient été trouvés par des élagueurs à LAMORLAYE lors de l’abattage d’un arbre mort où se trouvait le nid. La responsable les a alors amenés à Béatrice VAVASSEUR. Ils ne pesaient que 40g et étaient déshydratés. Béatrice les a soignés et nourris jusqu’au moment où, devenus de magnifiques ado., ils étaient prêts à repartir en forêt. Ils sont restés 5 jours en volière sous couvert de grands arbres pour qu’ils s’habituent aux lieux. Pendant ce temps, nous avons préparé leur « relâchage ». Compte tenu du temps avancé dans la saison, il a été décidé de mettre des nichoirs à écureuils aux alentours qui leur permettent de faire la transition avec leur nichoir de bébés et de construire leur nid tout en ayant un refuge pour la nuit. C’est une première, nous ne sommes pas sûrs du résultat. Mon mari fabrique donc 2 nichoirs que Laurent installe devant, en haut du bouleau supportant l’Écuroduc et tout en haut d’un sapin de notre voisin, là où des congénères avaient commencé l’ébauche d’un nid avant d’être attaqués par les pies. Pour les inciter à les utiliser ainsi que l’Écuroduc, nous frottons les troncs et l’Écuroduc avec leurs couvertures imbibées de leurs urines.
Puis le grand jour arrive, plein d’émotion, le 27 octobre, vers 11h, j’ouvre la porte de la volière tout doucement pour ne pas les effrayer même s’ils me connaissent car je leur donnais à manger tous les jours. Le plus téméraire sort après quelques minutes puis les autres suivent à leur rythme jusqu’au dernier une heure après. Ils inspectent les arbres et alentours très proches de la volière. Heureux et curieux de cette nouvelle vie, ils s’amusent à se courser dans les arbres. Très vite, ils découvrent le grand sapin au nichoir qu’ils investissent.
La petite femelle prend le chemin de « La Montagne » dès le 3° jour. Les garçons restent 3 semaines dans les arbres alentours du jardin de notre voisin et du nôtre, revenant plusieurs fois par jour dans la volière et sur le prunier à côté pour manger et boire. Le grand sapin est leur lieu de prédilection. Ils sont heureux, joueurs et épanouis. Puis ils prennent, eux aussi, le chemin de « La Montagne » par l’Écuroduc. Depuis nous les voyons régulièrement le prendre pour revenir se nourrir dans nos jardins : un « relâchage » et une intégration réussis !
