Portrait du mois : Salim ANNEBI alias SLOUM

Salim Annebi

Portrait de Salim Annebi

Chers confrères, le portrait de ce mois-ci est un peu spécial car c’est un black qui se paye le luxe d’avoir un nègre blanc ! Waouh, c’est chaud ! Mais quand on regarde de près, nous sommes tous les deux un peu basanés alors ça passe mieux.

Je connais Salim ANNEBI depuis une quinzaine d’années au travers du monde de l’arboriculture. C’est un autre maître Jedi, qui nous a présenté en 2000 à Limoges lors des Rencontres d’arboriculture où nous faisions des démo SRT : « Tiens jeune, c’est Sloum ! ». Deux minutes après Salim nous montrait son « Lockjack du pauvre », et une heure après sans me connaitre plus que ça il me négociait une grosse ristourne auprès de Sébastien Béni, alors que j’achetais une poulie « extra-roll » sur le stand naissant de Hévéa ! Une rencontre marquante pour le padawan que j’étais !

Grand pratiquant des sports « nature » ; Salim passe du temps en montagne, jonglant entre l’escalade, la spéléo, le canyoning et finalement pour se sortir du travail à l’usine qui le consume de l’intérieur, il organise des sauts de pont pendulaires. C’est là qu’un jour, il fait sauter d’un pont un Monsieur qui le poussera à franchir un grand pas ; Jean Marie Vielle l’invite à venir dans le Doubs pour se lancer à la découverte du métier d’élagueur.

C’est ainsi qu’en 1996, il entre en formation pour passer son CS Tailles et Soins aux Arbres à Chateaufarine auprès de Jean Marie. Rompu aux techniques de nœud et de cordage, Salim se concentre sur l’apprentissage du bûcheronnage et les bases de l’arboriculture tout en partageant ses connaissances de cordiste. Il profite de son statut de stagiaire pour vagabonder à travers l’Est de la France et rencontrer bon nombre de maîtres pionniers de l’élagage moderne.

Lorsqu’il a commencé à me citer les premiers noms, je me suis vu en train de souffler la poussière posée sur la couverture d’un album souvenir resté trop longtemps sans qu’on daigne l’ouvrir. A l’intérieur sur les photos, on pouvait voir Claude Gueunon, Yvan Ciesla ou autre Jacques Valle chevauchaient des diplodocus pour atteindre les cimes ; pendant que Pierre Exertier, Stéphane Bœuf ou bien Fred Mathias encore jeunes tressent des poils de mammouths pour fabriquer des cordes afin de se hisser plus vite vers l’apex ! Il me parle aussi de Claude Guenan, de Jean-Yves Serin de Ivan Gauthier (salarié de Jean-Marie Vielle) de Tristan Craft pour ses connaissances théoriques et de Arnalt Vieux dit « Poussy » de Vertige Sud … En fait quand on demande à Salim de parler de lui ; il nous parle surtout des autres et s’excuse de ne pas avoir le temps de citer tout le monde …

L’année suivante, il reste à Chateaufarine et entame sa carrière de formateur où il transmet encore aujourd’hui tout son savoir. Bon nombre de ses anciens padawans sont maîtres à leur tour aujourd’hui entre autre Nathanaël Gros, Jérémie Thomas ou Fabien Dulignier et d’autres en devenir comme Kevin Imber ou Adrien Vigot … la liste est longue.

Si on s’arrête au « look », on pourrai penser qu’il leur apprend autant à se faire pousser les dreadlocks que de tailler les arbres ! Mais en prenant le temps de discuter, on se rend vite compte que son aura est bien présent même avec les cheveux courts. Cette sérénité gravée dans la simplicité se propage autour de lui à chacun de ses sourires et l’humilité de ses paroles viennent accentuer ce sentiment. Tout cela dans la discrétion car s’il fait tout cela c’est avant tout pour les autres. Cet altruisme, Fred Mathias l’a tout de suite vu et annonce que seul Salim peut prendre sa relève en tant que Directeur Technique National. Chose qu’il fait à Lille en 2001.

Je ne revois Sloum qu’en 2004 aux RNA de Randan, encore un grand souvenir ! Etrangement malgré les années qui séparent nos deux premières rencontres, j’ai eu l’impression de ne jamais l’avoir quitté et les mots qu’il a eu à ma descente du magnifique Cèdre qui nous accueillait ce jour-là, m’ont longtemps suivi sur le long chemin d’apprentissage du métier. Aujourd’hui encore j’aimerais lui ressembler, mais je n’ai toujours pas les cheveux crépus, les dreadlocks… et la sagesse ne s’apprend pas, elle s’acquière.

Puis de fil en aiguille, en 2005 avec Brigitte et Peter de HighTreeTech ; ils donnent naissance à Drayer France (Oups !!! je ne sais pas si j’ai le droit de parler de la concurrence !) qui cette année fête ses dix ans. Salim reste Régisseur principal des Rencontres d’Arboriculture jusqu’en 2006 à Nantes où se sont déroulés les championnats de France des grimpeurs élagueurs ainsi que l’European Treeclimbing Championship. Puis il passe la main et refait une pige aux Rencontres Nationales de Strasbourg en 2010 où il ne s’occupe que de la logistique mais imprime tout de même son état d’esprit de partage, d’humilité et de respect ! C’est ça l’arboriCOOLture !!!

Aujourd’hui encore il pérennise cette approche du métier à Chateaufarine où il exerce avec la même ardeur. Le cerveau toujours en ébullition pour trouver les meilleures solutions pour se faciliter le travail, même jusque dans son fourgon il imagine des astuces pour optimiser au maximum. Depuis ce week-end on peut même voir sur face de bouc une vidéo où Sloum fait une démo de son aménagement sous les yeux admiratifs des jeunes grimpeurs. Pas de prétention, juste le partage … encore !

Les Arbres se sont mis sur nos routes (ça va qu’on était à pied !) et ont fait se croiser nos chemins. Je remercie les Arbres et la vie car grâce à eux je compte un nouvel Ami ! Que la Force reste avec toi Man !

Damjan