Francital : l’odyssée d’un pantalon de protection pour utilisateurs de scie à chaîne

Travailler avec une tronçonneuse est une activité dangereuse qui peut avoir des conséquences graves en cas d’accident de coupure. Au tournant des années 90, ont été développés des équipements de protection adaptés aux bûcherons et élagueurs tels que les pantalons de protection pour les utilisateurs de scie à chaîne tenue à la main. Ces vêtements permettent en cas d’impact d’éviter ou du moins de réduire les conséquences de blessures dues aux coupures de tronçonneuse. Nous allons dévoiler les grandes étapes qui permettent d’élaborer un tel pantalon technique de la phase de conception, en passant par le développement et le choix des matières, à sa mise en fabrication. Il va être question de tissu, de zips, de machines à coudre… et de démarche éco-responsable.

Nous avons choisi de suivre un pantalon connu par les arboristes et sylviculteurs, le pantalon EVEREST dans sa nouvelle version « R », un pantalon de protection type A classe 1 stretch, simple et confortable. FRANCITAL s’est lancé dans le développement d’un produit eco-pensé avec l’EVEREST R. L’équipe a conscience qu’il s’agit d’une première étape consistant à mettre en avant les processus d’eco-conception déjà intégré dans notre démarche de développement et de mettre l’accent sur l’utilisation de matières issues de sources plus durables et de procédés de fabrication ayant moins d’impact pour la planète.

L’EVEREST R

Notre « EVEREST R » issu de cette démarche remplit bien sûr la même fonction qu’un produit classique. C’est avant tout un pantalon qui doit être un bon pantalon de protection. Même s’il intègre un « plus » environnemental, nous n’en sommes qu’au début de notre démarche. Il reste des zones d’ombre telles que la fin de vie du produit : Encourager la réparation ? Nous savons que pour un pantalon protégé cette action est limitée car un matelas de protection endommagé implique la mise au rebus du pantalon, recyclage / destruction ? La filière de récupération des produits, le mélange des fibres sont autant de freins… mais nous ne doutons pas que, dans les mois à venir, nous allons trouver des solutions.

Intéressons-nous à présent à la fabrication d’un pantalon de protection pour les arboristes. Un pantalon de protection est composé de tissus pour les empiècements principaux, les renforts, fonds de poche, doublures, d’accessoires tels que les zips, rubans auto-agrippants, élastiques, de fils à coudre et décorations et surtout d’un matelas de protection. Il y aura également les étiquettes, notices et emballages… points à ne pas négliger surtout pour un EPI. Il s’agit d’une vingtaine de composants sélectionnés, fabriqués, contrôlés et assemblés.

Pour l’EVEREST R, dès la conception, nous avons défini un cahier des charges : design minimaliste, fonctionnalités d’usage réduites au strict nécessaire et des zones de renfort assurant la durabilité. Accessoires facilement réparables. Éviter les décorations inutiles (bande rétro, liserets ou pachs sans fonctionnalités). Notre mantra : ne pas créer le besoin mais répondre à un besoin. Reste le choix des matières.

LES MATIÈRES TEXTILES

Pour un pantalon forestier, les matières doivent être adaptées aux travaux en extérieur et à un environnement végétal qui peut être agressif. Vont être privilégiées des matières d’un certain poids, avec des tissages améliorant la résistance mécanique à la déchirure et à l’abrasion. Les fibres ou filaments synthétiques tels que le polyester ou le polyamide, hydrophobes et intrinsèquement performantes, peuvent être mélangées avec du coton ou de l’élasthanne pour le stretch. Des stretchs mécaniques existent mais la matière n’est pas aussi souple qu’avec de l’élasthanne. Un pantalon stretch accompagnant les mouvements de l’utilisateur présente un vrai intérêt pour des travaux de grimpe.
Des matières issues de ressources plus durables existent et se développent : des polyesters recyclés, coton bio ou recyclé. Nous avons la chance d’appartenir à un groupe textile situé en France, dans le Dauphiné (Isère – 38), SOFILETA. C’est donc avec l’équipe R&D de SOFILETA que nous avons développé une matière éco-responsable qui présente les mêmes caractéristiques techniques, mécaniques et visuelles que le tissu qui a fait le succès de l’EVEREST et EVEREST PRO : le ROC !

Tissage améliorant la résistance mécanique à la déchirure et à l’abrasion.

Pour l’EVEREST R nous avons donc opté pour un fil en polyamide régénéré de chez AQUAFIL. Cet ECONYL® est une fibre de nylon 100 % régénérée à partir de filets de pêche et autres déchets de nylon. Grâce au processus de régénération et de purification, les déchets de nylon sont recyclés pour retrouver leur pureté d’origine. La fibre nylon a exactement les mêmes propriétés qu’un nylon d’origine, le process ne dégrade pas le fil.
Le tissu de notre pantalon EVEREST R est un mélange de ce fil tissé avec 4 % d’élasthanne pour l’extensibilité. Après tissage, ou tricotage pour la maille, ces matières sont la plupart du temps écrues, non teintées. Il existe des qualités dites teint masse mais l’inconvénient est que les coloris sont limités et les minimums de production très importants. L’étape suivante est donc la teinture, finition et aprêts.

La teinture est une des opérations les plus consommatrices d’eau et d’énergie. Les colorants peuvent être également très polluants. S’approvisionner en Europe, et particulièrement en France, c’est s’approvisionner dans des pays pour lesquels la règlementation environnementale est la plus exigeante du monde. Cela garantit également l’utilisation de produits dans des doses non dangereuses pour la santé. Même s’il est difficile de proposer des produits écrus, nous avons choisi de mettre des doublures non teintes pour notre pantalon.

Tests de déperlance en laboratoire.

Les finitions : c’est une opération importante qui va donner des caractéristiques supplémentaires à la matière, tels que des traitements antibactérien (application de ions d’argent pour limiter les mauvaises odeurs) ou déperlant : la goutte d’eau glisse et ne pénètre pas la fibre. Il s’agit le plus souvent de PFC qui est un composé de fluor et de carbone utilisé pour ses propriétés hydrophobes et anti-salissures. Le problème est que les molécules de fluor et de carbone sont non biodégradables.

Nous utilisons donc un traitement déperlant sans fluorocarbones (fluor-free) pour le tissu de l’EVEREST R. Cette finition est très efficace en tant que traitement hydrophobe mais pas contre les salissures d’hydrocarbure.

LES COMPOSANTS

Les composants (fils, zips, boutons, etc.) doivent être solides. Les utilisateurs de nos produits travaillent dans un environnement contraignant et exigeant. Les fils à coudre utilisés pour des pantalons forestiers correspondent à des fils qui sont utilisés pour faire des surpiqures dans d’autres vêtements de travail.
Les huiles et la saleté peuvent endommager les zips. Maîtriser la filière d’approvisionnement des composants en faisant appel à des partenaires européens est un gage de fiabilité. Nous avons essayé de limiter les composants mais il est certain qu’il faudra toujours un élastique à la taille, des boutons, une braguette et quelques poches.

Montage d’un pantalon en cours de production.
Maîtrise du tricotage de la matière de protection en interne, au sein du Groupe.

Le matériau de protection est composé de plusieurs couches de grilles composées de fibres synthétiques très résistantes à la déchirure. En cas de contact avec la tronçonneuse, les fils arrachés bloquent l’entraînement de la tronçonneuse. Cette matière est dans notre cas pensée et développée au sein de notre Groupe. Nous la produisons et maîtrisons tout le système d’approvisionnement.

L’intérêt pour FRANCITAL de faire partie d’une société qui est producteur de tissus, nous permet de faire de la R&D en permanence, de tester de nouvelles fibres et nouveaux complexes. Pour des raisons évidentes, nous resterons discrets sur notre procédé de développement mais nous pouvons partager une conclusion avec vous : pour protéger, il est nécessaire d’avoir un nombre minimum de couches de protection, et ce, quelles que soient les fibres utilisées. Un pantalon pour forestier sera toujours plus lourd et moins confortable qu’un pantalon d’alpinisme.

Après un contrôle à Bourgoin-Jallieu, nous envoyons ces matières & fournitures en atelier, pour qu’elles soient assemblées. C’est la phase de confection. Un pantalon forestier est un produit exigeant : il faut en général 110 minutes pour couper la matière, assembler les composants, effectuer les contrôles et opérations de finition avant la mise en sachet. A titre de comparaison, le t-shirt représente 13 mn et il faudrait 55 mn pour couper et assembler un pantalon de travail traditionnel.

Un pantalon forestier est un produit exigeant : il faut en général 110 min. pour le couper, l’assembler, le contrôler et le finaliser.

La phase d’assemblage est effectuée dans des ateliers intégrés ou bien partenaires avec lesquels nous travaillons en direct. Il n’y a pas de strates de sous-traitance. Nous connaissons les conditions de travail des opératrices et des opérateurs. Nous connaissons les personnes qui vont intervenir dans la production, et ce, du contremaître aux contrôleurs qualité, en passant par le responsable logistique. Ces ateliers sont en zone Euro-Med, dans des pays méditerranéens. Cela représente quelques milliers de kilomètres parcourus par la matière pour être transformée mais il n’y a pas d’avion et nous optimisons les transports.

Les pantalons sont ensuite expédiés directement à Bourgoin-Jallieu où ils seront soumis à un ultime contrôle permettant la libération de l’ordre de fabrication, pour être ensuite stockés et livrés. Ce sont donc en moyenne moins de 8 000 km parcourus et pas mal d’heures de travail avant que le pantalon puisse être porté par un bûcheron ou un élagueur. Cela peut paraître beaucoup mais cela sera toujours moins qu’un article d’habillement de prêt à porter comme un t-shirt ayant parcouru plus de 40 000 km.

Pour l’usage : on vous laisse la main… on ne peut que vous en courager à faire durer votre vêtement, bien l’entretenir et, en fin de vie, le diriger vers les bonnes filières. Pour les réparations, nous pouvons vous aider avec notre service SAV. Concernant l’entretien d’un pantalon de protection, quelques conseils : si votre pantalon n’est pas trop sale, lavez-le à basse température… mais nous vous rappelons que bien laver votre vêtement est une question de sécurité. Un pantalon qui a été nettoyé régulièrement peut aussi être utilisé plus longtemps, le laver moins fréquemment n’augmente pas la durée d’utilisation.