PYRALE DU BUIS
Le buis, star incontestée de l’art topiaire dans nos parcs et nos jardins, grandement apprécié des artisans pour la qualité de son bois, partie intégrante de la biodiversité dans nos forêts, se fait dévorer à une vitesse affolante lorsque les chenilles de la pyrale s’y attaquent. L’impact est dévastateur dans les bois, ou il est bien démuni des soins protections qu’on apporte à ses homologues dans nos jardins.
La chenille de la pyrale du buis (Cydalima perspectalis), originaire d’Extrême Orient, est introduite accidentellement en Europe dans les années 2000 puis a rapidement atteint la France (2005 ou 2008 selon les sources). Aujourd’hui la pyrale est présente sur tout le territoire. Elle se nourrit des feuilles de buis, entraînant un dessèchement et un brunissement de celle-ci et pouvant aller jusqu’à la défoliation complète et donc la mort des individus hôtes.
De lourds dégâts sont observés en Europe depuis son introduction et le buis a d’ailleurs été placé sur la liste d’alerte de l’Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes. Il est donc important de lutter efficacement contre cet espèce invasive qu’est la pyrale du buis.
► Reconnaître la pyrale du buis
Il est plutôt facile de reconnaître sa présence si vos buis sont déjà attaqué (à partir de mars selon les régions) : les feuilles brunissent, vous pourrez apercevoir des filaments de soie dans les rameaux ou réunissants les feuilles entre elles, et des toutes petites billes vertes (leurs excréments).
Les chenilles adultes :
- ont le corps vert clair avec des bandes vert foncé sur toute leur longueur
- la tête noire
- mesure environ 4 cm à leur dernier stade
- ont quelques poils blancs non urticants et non dangereux pour l’humain.
Les papillons sont nocturnes et sont attirés par la lumière la nuit (lampadaire par exemple) et peuvent ainsi être facilement repérés et reconnus.
- Ils mesurent environ 4 cm
- la majorité sont bicolores (blanc avec un liserai brun sur leur pourtour), certains, plus rares, sont entièrement bruns.
► Cycle de vie de la pyrale du buis
La prolifération de la pyrale est très rapide puisque l’espèce a entre 2 et 4 cycles de reproduction dans l’année selon les régions. Le premier démarrant au printemps et le dernier arrivant vers septembre.
Une fois implantée, il est difficile de s’en débarrasser. Elle a peu de prédateurs naturels (certains oiseaux dévorent les chenilles lorsqu’elles sont petites, les chauve-souris elles peuvent se nourrir des papillons).
Les papillons de la pyrale du buis vivent une quinzaine de jours pendant lesquels ils se reproduisent. Pendant cette période, chaque femelle pond jusqu’à 800 œufs, par petits paquets, au revers des feuilles de buis.
Après 48h, les œufs éclosent et les chenilles (qui mesurent environ 3 mm) commencent à dévorer la cuticule sous la feuille de buis. Au fur et à mesure qu’elle grandit, elle se nourrit petit à petit des feuilles entières. Si la défoliation est presque totale, la chenille adulte peut s’attaquer à l’écorce.
Au stade 4, après un mois d’accrobuis, les chenilles atteignent leur taille maximale (4 cm) et préparent leur métamorphose en chrysalide. Les papillons éclosent après trois semaines.
Au cours du dernier cycle de l’année, à l’approche de l’hiver, les plus jeunes chenilles restant aux premiers stades (1 et 2) arrêtent leur développement et se créent un cocon les protégeant des températures hivernales. Elles reprendront leur activité au début du printemps suivant.
► Quels moyens pour lutter ?
Les moyens de lutter contre la pyrale du buis sont multiples et peuvent (doivent) être combinés pour mener un front efficace. Chaque levier d’action, adapté aux différents stades de la pyrale, permettrons à tour de rôle, de détruire les chenilles, les papillons et bien d’empêcher leur reproduction.
Lutter contre la chenille de la pyrale du buis
- Lutte écologique : installer des nichoirs à mésanges
La mésange est un prédateur naturel de la pyrale du buis. Leur nidification à lieu d’avril à juin, période où les premiers papillons de la pyrale font leur apparition et cherche à pondre dans les buis. Pour nourrir 5 à 12 oisillons pendant 3 semaines, en plus d’elles même, les mésanges peuvent picorer jusqu’à 7 000 chenilles.
L’installation de nids à mésange est donc un très bon moyen pour lutter contre la prolifération de la pyrale du buis.
- Retirer les chenilles et les œufs manuellement
Si vous avez peu de buis, et qu’ils sont peu attaqués, vous pouvez facilement retirer manuellement les chenilles, voir les œufs si vous les repérez, pour les détruire.
- Traitement phytosanitaire avec un insecticide à base de Bacillus thuringiensis
Cet insecticide est a pulvériser sur le feuillage des buis, de préférence le soir lorsqu’il fait plus frais et sombre. Ainsi ingéré par les chenilles, il détruira son système digestif et, l’empêchant de se nourrir, provoquera leur mort en quelques jours.
En suivant les consignes de vos produits, en général le traitement peut être reconduit après un certain temps.
Lutter contre les papillons de la pyrale du buis
- Lutte écologique : installer des gîtes à chauve-souris
Au moins 9 espèces de chauve-souris sont des prédateurs de la pyrale du buis. Ces petits mammifères aussi bien présents en ville qu’en campagnes peuvent s’installer dans plusieurs gîtes au cours de l’été. Elles vont là où la nourriture est abondante et peut consommer en une nuit près de la moitié de leur poids en insectes divers (papillons, mouches, etc.)
Bon à savoir, la chauve-souris ne repèrera pas forcément votre nouveau gîte immédiatement. Cela peut prendre jusqu’à 3 ans avant qu’elle le détecte et s’y installe.
- Pièges à phéromones pour limiter les accouplements
Les phéromones utilisés dans les pièges, suspendus à proximité des buis, attireront les papillons mâles de la pyrale du buis. Enfermé à l’intérieur et dans l’impossibilité de sortir, ils ne seront plus en mesure d’aller retrouver les femelles pour se reproduire, engendrant ainsi une réduction des populations.